Jean-Yves a refusé de témoigner à visage découvert.
Dégouté, ce natif de Pertuis, dans le sud de la France, vient de rendre sa carte du Front National après 20 ans de militantisme.
Ce retraité a constaté avec dépit :
« un décalage entre le discours de Marine [Le Pen] et celui de la base militante. Cette ambiguïté permanente, entre la franche camaraderie des réunions où l’on peut sans craindre la pensée unique faire entre amis des blagues sur les arabes et les homos, et la façade de respectabilité voulue par la direction du FN à des fins électoralistes n’était plus supportable ».
«En réunion départementale, on peut encore rigoler. On ne parle pas de Copé mais de “Copelovici”,”ce gros fils de pute”, et dire ce qu’on pense “des Roms, ces voleurs de ferraille”.
On est une trentaine. Mais l’autre jour, un hiérarque du bureau a pris la parole pour dire : “Vous pouvez penser ce que vous voulez, mais ne le dites pas quand il y a du monde.” Lorsque j’entends cela, je regarde autour de moi et je vois que personne ne partage ma détresse.
J’ai honte d’appartenir à ce parti que je pensais fier de son identité alors que ce n’est pas le cas. C’est très loin du combat que je veux mener, je suis atterré. »
Certes, Jean-Yves reconnait qu’ici ou là en arrive encore à dire « les vraies choses », comme à Tarascon (13), où un candidat du FN a pu récemment dire sans être inquiété :
“quand les gens s’arrêtent à Tarascon, ils ont envie de voir la Provence, pas le Maghreb !”
Mais selon lui, il n’y a plus guère qu’au PS ou à l’UMP que la parole reste à peu près libre.
Jean-Yves ne cache pas son admiration pour Chantal Brunel, cette députée UMP qui avait déclaré en 2011 :
«Il faut rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée. Après tout remettons-les dans les bateaux!»
Jean-Yves revendique également une communauté de pensée avec Gilles Bourdouleix, ce maire qui avait déclaré à propos des gens du voyage :
« Comme quoi Hitler n’en a peut-être pas tué assez, hein ? »
Longtemps méfiant à l’égard des socialistes, Jean-Yves s’est senti conforté dans ses idées lorsque le Ministre Manuel Valls a dit à propos des Roms :
« j’aide les Français contre ces populations, ces populations contre les français »
Puis il nous interroge, pour savoir comment c’est en Tostaquie.
Son visage s’illumine lorsqu’on lui répond que chez nous c’est plus simple ; nous ne sommes pas une démocratie.
C’est à vous de gueuler de temps en temps et en tant que membre pour réagir aux bassesses, pour relever le niveau de votre parti.
Si vous faîtes rien, vous laissez les choses se casser la figure, vous étonnez pas. Le front national est un parti où il faut aller de l’avant ou rien, ceci n’est pas un jeu.